Dominique Chargé, président de LCA, veut « créer un choc de compétitivité »
Pour endiguer la hausse des importations, le président de La Coopération agricole, Dominique Chargé, a proposé, mercredi 6 septembre, d’opérer un choc de compétitivité et de simplification normative afin de relancer une production répondant aux nouveaux positionnements alimentaires des Français.
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« Nos poulaillers label ou bio sont vides car il n’y a plus de consommateurs pour acheter ces types de poulets en raison de l’inflation », a lancé Dominique Chargé, président de La Coopération agricole, lors d’une conférence de presse de rentrée, mercredi 6 septembre, tout en ajoutant que « l’on importe des poulets de Pologne ou d’Ukraine ne répondant pas aux standards de qualité français. Un poulet sur deux consommés en France est importé, et plus globalement un tiers de la viande. »
Le raté de 2017
Dans un contexte où la balance commerciale alimentaire française a reculé de 1,9 milliard d’euros sur les quatre premiers mois de 2023 par rapport à la même période de 2022, avec des importations progressant trois fois plus vite que les exportations, il semble urgent de retrouver « les moyens de produire les produits alimentaires sur lesquels les Français se positionnent aujourd’hui pour faire face à l’inflation générale. Nous devons avoir les moyens d’être compétitifs et présents aussi sur les produits d’entrée ou de moyenne gamme pour pouvoir répondre à toutes les attentes. » Et de procéder également à une montée en gamme pour ces produits. Car en 2017, « il y a eu un raté, en surinterprétant la montée en gamme, en se focalisant sur les produits déjà haut de gamme ».
« Il faut des élevages et des usines »
Mais « pour produire français, il faut des élevages et des usines », martèle Dominique Chargé. La question de la transmission des exploitations et de l’installation fait aussi partie de l’équation avec un avis porté au CESE en regard du PLOA (pacte et loi d’orientation et d’avenir agricoles).
Cependant, plusieurs facteurs viennent s’interposer : le coût de la main-d’œuvre de 42 €/h en France contre 34 €/h en moyenne dans l’UE, le niveau d’investissement nécessaire dans les exploitations, les impôts à la production qui ont toutefois baissé mais représentent, en 2021, encore 3,8 % du PIB contre 2,5 % dans l’UE, le fait que la France soit le pays de l’UE le moins robotisé et la question de l’accès à l’eau qui fait fortement débat. Ainsi que les lourdeurs administratives qui « minent le moral des agriculteurs et des salariés de nos entreprises. Quand, en Allemagne, un dossier est traité en six mois, en France, il faut deux ans. »
Message porté au ministre de l’Économie
Aussi, un message a été porté auprès de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, sur la nécessité d’un « choc de compétitivité et de simplification administrative pour restaurer la souveraineté alimentaire ». Et pour mettre en œuvre les transitions, notamment la décarbonation qui devrait exiger des efforts d’investissement cinq fois plus élevés que le 1,45 milliard d’euros investi annuellement en moyenne par les coopératives agricoles. Une feuille de route est prête pour chaque section de LCA. Une étude chiffre d’ailleurs à 69 Mt d’équivalent CO2 (dont 77 % liés à l’amont agricole), les émissions par les coopératives agricoles, soit 49 % des émissions agricoles et agroalimentaires françaises (production agricole, transport et transformation).
LCA va travailler aussi à une feuille de route dans le cadre d’un nouveau pacte, à l’occasion de la loi d’orientation, pour répondre aux attentes sociétales, notamment des jeunes, consultés lors de rendez-vous régionaux. La précarité fait partie des points soulevés. À ce sujet, LCA participait, mercredi 6 septembre, à une réunion au ministère de l’Agriculture avec l’ensemble des filières et des associations de dons alimentaires afin d’identifier des leviers et des mesures de soutien.
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